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L’été touche doucement à sa fin et voilà que la rentrée littéraire inonde les tables des libraires. 589 : c’est le nombre de romans que nous ont promis les éditeurs français. C’est beaucoup et pourtant 3% de moins que l’année dernière. Pour les auteurs qui ont la chance d’être publiés à cette période, c’est un signal fort : leur éditeur croit en eux. Car dans quelques semaines, ça sera la course aux Prix Littéraires pour le plus grand bonheur des journalistes, très friands de ce type d’événements mondains, et des auteurs élus, ainsi assurés de vendre leur petit dernier à 100.000 exemplaires et sans doute même de relancer leurs précédentes productions.

Au milieu de cette cohue, comment faire le tri ? Impossible de tout lire, difficile de dénicher les « meilleurs ». À défaut, je vous propose aujourd’hui une découverte des plus intéressantes : « Petits plats de résistance », qui parait au dilettante ce 19 août. Un premier roman pour Pascale Pujol qui s’était essayée au recueil de nouvelles en 2014 avec « Fragments d’un texto amoureux » publié aux éditions Quadrature, un éditeur belge spécialisé dans cette discipline trop peu souvent mise en avant.

 

Sandrine Cordier travaille chez Pôle Emploi.  Loin d’être une passion (elle rêvait d’ouvrir un restaurant), son job lui procure une satisfaction extrême lorsqu’elle débusque un chômeur ayant un peu trop tendance à tirer sur la corde de l’assistanat. Elle s’est fait une belle réputation dans le milieu : elle a l’œil et le flair. Son mari, Guillaume, s’est lancé dans le vol et la revente de journaux pour arrondir ses fins de mois, ce qui lui permet d’héberger sa mère, charmante et encore séduisante qui a de la suite dans les idées. Associée à sa petite-fille, 12 ans et un QI presque inhumain, elles forment un duo efficace et utilisent internet pour prospérer à travers différentes activités – légales mais dont elles savent tirer le meilleur des partis. Autour de cette famille aussi intrigante qu’attachante, viennent se greffer une myriade de personnages de premier et second plan qui ne manquent pas de piquant.

 

Tout bien réfléchi, Pujol n’a pas complètement abandonné la nouvelle en écrivant ce livre. 27 chapitres – qui pourraient presque être autant de nouvelles – composent ce roman. Chacun a pour titre un mets et la table des matières est très justement rebaptisée Menu. Un concept à part entière. Difficile de vous en faire le résumé car l’intrigue, comme son nom l’indique, n’est pas simple mais ce n’est pas là que se trouve l’intérêt du livre. On sent en effet que ce n’est pas tant l’histoire que le projet qui a inspiré l’auteure. Pour un premier roman, c’est original et la plume de Pujol est étonnamment bien affûtée. Le style est fluide, les personnages fouillés. Chaque chapitre se concentre sur l’un d’eux et on découvre avec intérêt comment les hasards de la vie finissent par tous les relier. 

Mais l’exercice n’est pas simple et le lecteur se perd dans ce dédale de personnages. On peine à entrer dans leur vie, à les suivre au plus près, à comprendre toutes les imbrications. Ça a au moins le mérite d’être audacieux et intelligemment construit. La fin se dessine progressivement pour arriver à une conclusion logique. Dommage de terminer sur un chapitre aussi étrange et une dernière phrase plus incongrue encore.

Véritable roman choral, ce livre ne manquerait certainement pas d’intérêt si un cinéaste inspiré venait à l’adapter pour le grand écran. Les ramifications sont si riches qu’il y aurait sans doute même matière à lui consacrer une série télévisée. C’est original et à découvrir sans tarder.

Tag(s) : #A (re)lire, #LesPetitsLivres
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