Presque aussi répandu que le burn out, le pervers narcissique fait le bonheur des éditeurs de sciences humaines et des libraires. C’est presque devenu un phénomène à la mode : on en parle à la télévision, au cinéma (« Mon roi », actuellement dans les salles), dans les livres. On en parle autour de la machine à café, sans doute en se disant que le boss doit sûrement en être un. On ricane et, pour un oui ou pour un non, on attribue cette étiquette à tout le monde et personne à la fois.
Quelle réalité se cache derrière ce terme branché ? Si certains en usent à l’envi, les véritables victimes sont-elles conscientes de ce qu’elles vivent ou ont vécu ? En marge des ouvrages à portée psychologique, c’est un témoignage juste et riche que propose Hélène Montel dans son livre « Détruite – J’ai épousé un pervers narcissique » paru le 7 octobre aux éditions l’Archipel. La postface est assurée par une psychologue, Thérèse Gatcyp, qui permet au lecteur de faire le point sur le récit qu’il vient de découvrir. Attention, ça peut secouer.
25 décembre 2008. La vie d’Hélène vient de basculer : son mari lui a annoncé qu’il la quittait pour une autre. Du jour au lendemain, toutes ses certitudes s’envolent. L’homme qu’elle aimait semble s’être évaporé. Le sol se dérobe sous ses pieds, elle ne sait plus que croire. Les enfants, pourtant très jeunes, sont utilisés comme messagers, manipulés, perturbés : leur père les oublie ou ne semble se battre pour eux que lorsque ça peut nuire à son épouse. Intimidation, menaces, revirement de situation en dernière minute : tout y passe. Hélène est perdue. Les mensonges de Dominique, son mari, prennent des proportions démesurées, sa mauvaise foi la désarme. Face aux choses hallucinantes qu’il lui annonce, Hélène décide de contacter une amie, psychiatre de son état. Le constat est sans appel : c’est un pervers narcissique. Un quoi ?
Un pervers narcissique est un individu qui place son propre plaisir avant tout et au détriment des autres. Pire : il a besoin de détruire l’autre pour se sentir vivant. Il vampirise. « Vivre avec un pervers narcissique est une torture continue, silencieuse, souterraine. Les chaînes de l’emprise sont d’autant plus solides qu’elles sont invisibles. » Ce n’est pas une maladie, c’est un état. Aucune rémission possible, aucun espoir d’amélioration. « La perversion narcissique est un poison, un virus qui ne meurt jamais. Il faut la tenir loin pour ne pas être contaminé de nouveau. Aucune immunisation possible hors la fuite. »
Alors, petit-à-petit, Hélène s’immunise. Elle prend les conseils d’où ils viennent et lit, se documente sur le sujet. Elle veut connaitre son adversaire, savoir à qui elle a affaire puisque l’homme qu’elle a épousé s’est avéré être un imposteur, un menteur pathologique. Elle doit le redécouvrir, l’appréhender dans toute sa perversion, éviter les pièges qu’il lui tend pour ne pas perdre complètement pieds, pour ne pas se faire avoir financièrement et pour protéger ses filles. Dominique demande la garde, puis ne la veut plus ; réclame le divorce séance tenante, puis ne se présente as au tribunal. L’affaire dure 4 ans. 4 longues années de combat pour Hélène. Un combat dont elle sortira grandie.
Dans « Détruite », Hélène Montel nous raconte son parcours du combattant. Un parcours courageux au cours duquel elle a dû réapprendre tout, y compris qui elle était, ce qu’elle voulait, ce qu’elle aimait. Apprendre à se refaire confiance, à avoir confiance à d’autres hommes, à s’aimer pour pouvoir aimer à nouveau. Elle nous raconte à force d’anecdotes riches et variées comment fonctionne un pervers narcissique et surtout nous donne des pistes pour s’en sortir. La seule solution ? Partir, le tenir loin. A tout prix. Aucune amélioration n’est possible, pas sincèrement : ça ne serait qu’une manipulation de plus de la part du PN. Mais comment ? Pas-à-pas, Hélène raconte ce qu’elle a pu mettre en place, donne des pistes qui pourront sans nul doute inspirer d’autres victimes. Mais surtout, elle leur donne un message d’espoir : oui, on peut s’en sortir ! Hélène s’en est sortie, et elle va bien. A vrai dire, elle n’a même jamais été aussi bien. Bravo. Et courage aux autres, celles et ceux qui vivent actuellement ce cauchemar et qui ne savent peut-être pas comment en sortir.
Comment reconnaitre un pervers narcissique ?
Un test classique vous permet d’identifier si la personne que vous soupçonnez d’être un manipulateur pervers est bien un PN. Comparez cette personne aux 30 points ci-dessous. À partir de 15 correspondances, soyez vigilant. Mieux, agissez : fuyez.
Culpabilise sa victime en inversant les rôles
Ne communique pas clairement, nie les évidences
À chaque personne ou situation un comportement différent
Il est armé de raisons logiques
Vous devez être parfait
Critique et dévalorise
Fait passer ses messages par les autres
Divise pour mieux régner
Il se positionne en victime
Ignore les demandes
Utilise les principes moraux des autres
Menaces cachées ou chantage ouvert
Change de sujet ou s’échappe
Mise sur l’ignorance des autres
Il ment
Dit le faux pour connaître le vrai
Il est égocentrique
Il peut être jaloux
Obsédé par l’image sociale
S’énerve rarement
Ne tient pas compte des autres
Paroles opposées à ses attitudes
On parle de lui
Devient soudainement attentionné
Provoque un sentiment de non-liberté
Atteint ses objectifs aux dépens des autres
Fait perdre vos repères
Vampirise votre énergie
Froideur émotionnelle
Il vous fait du mal
Des pistes pour aller plus loin :
Voici deux livres excellents rédigés par deux psychologues spécialistes des PN :
Isabelle Nazare-Aga, Les Manipulateurs et l’amour, Les Éditions de l’homme, 2004.
Marie Andersen, La Manipulation ordinaire – Reconnaitre les relations toxiques pour s’en protéger, Ixelles Éditions, 2010.
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Test : Reconnaître un pervers narcissique | Le pervers narcissique
Reconnaître, détectez un pervers narcissique grâce au test suivant. Si vous trouvez de 10 à 15 points de comparaison, vous avez affaire à un simple manipulateur. Au-delà de quinze similitu...