Il y a quelques jours, nous apprenions qu'Amélie Nothomb ferait partie des chroniqueurs du Fou du roi dès la rentrée de septembre 2011. Cette nouvelle vous a fait réagir et, tout comme moi, vous vous êtes interrogés sur les raisons qui ont pu pousser la romancière à intégrer une équipe radio, elle qui assure détester ses prestations radio ou télévisuelles. Une piste a été lancée et je vous avais promis de faire quelques recherches à ce sujet : est-ce une stratégie marketing mise en place dans l'espoir de faire remonter les ventes de livres qui pourraient être en chute? Et de là la question importante qui précède les autres et à laquelle je vais répondre dans cet article : ses ventes sont-elles en baisse?
En 1992, Amélie Nothomb publie son premier livre : Hygiène de l'assassin. 25.000 exemplaires pour un premier cru : remarquable et remarqué. En 1999 sort le très réussi Stupeur et tremblements. Tiré initialement à 40.000 exemplaires, ce roman monte à 200.000 quand il reçoit le Grand Prix du Roman de l'Académie Française, et atteindra environ 500.000 exemplaires au final. Un vrai best-seller. Le début du vrai succès. A ce stade, l'auteure a publié ce qui est souvent considéré comme ses deux oeuvres les plus réussies. L'année suivante, elle publie Métaphysique des tubes, encore un bon cru. Si les trois années suivantes déçoivent certains lecteurs, Biographie de la faim nous rappelle le grand talent d'Amélie. Cette année-là, en 2004, elle vend au total 1.237 milliers de livres, tous formats confondus. Elle est au sommet....avant d'entamer sa lente descente.
L'édition suivante déconcerte et Acide sulfurique déçoit la critique - qui n'hésite pas à le descendre en flèche - et même ses lecteurs. Le verdict est sans appel : Amélie Nothomb vend un million de livres en 2005, soit 237.000 de moins que l'année précédente. La spirale infernale a commencé. L'année suivante pourtant, son éditeur conserve sa confiance en elle et tire Journal d'Hirondelle à 150.000 exemplaires dès sa sortie. Le ton est donné. "Le titre, pourtant - à commencer par lui -, n'a pas fait l'unanimité chez son éditeur. Pas plus que la photo de l'auteur choisie pour la jaquette. L'un et l'autre ont été imposés par Amélie Nothomb." explique un journaliste de l'Express en septembre 2006 avant de continuer sa critique : "Sauf que Journal d'Hirondelle n'est pas de la trempe de Stupeur et tremblements, Hygiène de l'assassin ou Métaphysique des tubes. Seulement 136 pages, imprimées en gros caractères entourés de marges généreuses, comme si la production nothombienne semblait menacée d'anorexie galopante."
Le public est sur ses gardes. Mais le cru suivant sera à la hauteur de toutes les espérances : Ni d'Eve ni d'Adam est un grand Nothomb. On la retrouve au meilleur de son art, pour notre plus grand bonheur. Alors on se remet à attendre avec impatience la rentrée littéraire de septembre, rendez-vous incontournable des nothombophiles. "C'est elle qui souhaite paraître systématiquement à la même date", confie Richard Ducousset à l'Express.
Viennent alors successivement Le fait du prince, Le voyage d'hiver et Une forme de vie en 2008, 2009 et 2010. Le verdict du public est sans appel : 734.000, 584.000 (une chute de 150.000 examplaires sur l'année précedente!) et 492.000 livres vendus, tous formats confondus pour ces trois années. Sans appel et cruel. Entre 2004 et 2010, les ventes globales des livres d'Amélie sont passées de 1.237.000 à 492.000 exemplaires. Et si en 2004 elle se hissait au troisième rang des auteurs français les plus vendus, elle est restée en 2010 à une fragile 10ème position.
Ici, je vous détaillais les ventes des sorties de la rentrée littéraire de septembre 2010. Une forme de vie, tiré à 220.000 exemplaires dès sa sortie (ce qui en faisait le plus gros tirage de la rentrée) n'a finalement été vendu qu'à 135.000 exemplaires. On attend donc avec impatience le résultat des ventes globales pour 2011. Et on attend beaucoup de Tuer le père, dont le titre et la couverture ont déçu certains. Mais l'emballage n'est rien si le contenu est à la hauteur du talent de la romancière. Allez Amélie, hauts les coeurs!