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nothomb tuer le pere

On l'attend chaque année avec impatience, et elle est toujours présente : véritable monstre littéraire, Amélie Nothomb publie un roman par an avec une régularité que certains critiquent. Peu importe, qu'elle plaise ou non, elle fait parler d'elle et se retrouve en tête des ventes. Amélie Nothomb-Albin Michel est une formule gagnante depuis 20 ans déjà, et on espère pour longtemps encore.

Le dernier né s'intitule "Tuer le père" et, ce qui est sûr, c'est qu'il a fait couler beaucoup d'encre. Certains en effet se sont montrés particulièrement déçus, n'hésitant pas à dire que la romancière aurait laissé son style légendaire au placard. Refroidie, je l'étais. Alors j'ai laisssé reposer l'effervescence de la sortie afin d'entrer dans cette lecture avec un peu plus de recul, afin de la vivre par moi-même. Car j'ai lu tous les romans d'Amélie Nothomb et, si certains m'ont moins plu, aucun ne m'a réellement déçue. Il en est de même pour le dernier cru.

Joe est un jeune magicien très talentueux, fuyant sa mère et à la recherche d'un père. On lui parle d'un magicien réputé qui pourrait lui apprendre à devenir le plus grand. Il s'invite alors dans la vie de Norman et tombe rapidement amoureux de sa femme, Christina. Le scénario nothombien prend forme. Si les 20 premières pages sont effectivement assez éloignées de ce à quoi Nothomb nous a habitués, il faut rester patient et, sans doute, comprendre que c'est là un effet volontaire. Narration au présent, phrases courtes et plates : c'est un script hollywoodien que l'on a sous les yeux. Joe prend conscience de la grande beauté de Christina et en tombe instantanément amoureux ; il vit, pour de vrai. La narration reprend un rythme que l'on connait bien et nous plait tant : c'est bien Nothomb qui tient la plume. Une femme sublime, un amour impossible, le trio fatal ; tous les arguments sont là. Ajoutez à cela des champignons hallucinogènes, une dose de folie et la bassesse humaine et tout y est. Ou presque. L'humour nothombien manque à l'appel mais le sujet ne s'y prêtait pas. Amélie Nothomb y recourt essentiellement dans ses romans autobiographiques, et on en est loin.

Fidèle à ses habitudes, Amélie Nothomb nous présente un trio : Norman, le "père spirituel", Joe, le fils (Fils) non-enfanté, et Christina, qui porte un nom très "chrétien". Dans tous ses romans, on peut retrouver cette constante et le profil général des personnages. Une femme sublime, un presque raté (ou totalement) qui en tombe éperdument amoureux, et un empêcheur de tourner en rond, sans doute bien intentionné mais qui ne vaut pas mieux que les autres. Le tout aboutit généralement à un crime, plus ou moins grave, qui démontre la bassesse de l'être humain prêt à tout pour parvenir à ses fins ou s'assurer un certain confort moral ou matériel.

Du Nothomb à n'en pas douter, même si la forme diffère un peu de ce à quoi elle nous avait habitués. Un peu dans la même veine que "Le Voyage d'hiver" ou "Une forme de vie", et donc pas forcément de la même trempe que "Stupeur et tremblements" ou "Biographie de la faim". A lire.

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